{. Pleurs Rouges - Opale AKAKU

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Chloé,

Je vais souvent sur ta tombe. J'aimerais que tu m'entendes. Alors, afin que tu puisses réellement savoir ce que je pense, j'ai décidé de t'écrire. T'écrire des lettres, oui, tout à fait. Je ne suis pas folle, mais tu sais à quel point j'ai les idées tordues.
J'ai besoin de te voir. De te parler. Mais je ne peut pas.
Je t'aime, Chloé.
Et je veux revoir ton sourire ...

Bisous,
Ton Agathe

{. Chapitre n°1 Ou que faire du cadavre de sa meilleure amie ?

* A Audrey. La jolie blonde sous le nom d'Hetanne. Que faire de ton cadavre ? *

Chloé,

Tu ne peux pas savoir à quel point les chants d'église peuvent t'enfoncer lorsqu'on a perdu un proche. Tu as déjà perdu quelqu'un, toi ? Oui, sans doutes. Te connaissant, c'est sûr. A ton enterrement, j'avais envie de partir en vitesse. Ne m'en veux pas, c'est juste que les cimetières, c'est pas mon truc. Tu te rappelles, quand tu étais venue chez moi et que nous étions allées au cimetière ? On avait arrosé les fleurs, on s'était occupées des tombes... Tu te rappelles aussi tous ces gens oubliés ? Je ne veux pas que tu deviennes comme ça. C'est absolument hors de questions ! De toute façon, moi, je serait toujours, ne t'inquiètes pas.
Tu dois te demander pourquoi j'ai encore besoin de te parler ? C'est normal, dois-tu te dire, elle est sous le choc, la pauvre petite. Mais non, j'ai les idées claires. Je ne dis pas que parfois elles ne sont pas un peu embrouillées, je ne dis pas que je ne te pleure pas. Simplement, j'essaye de garder le sang froid, le tête sur les épaules. Tu peux comprendre, ça, non ? Bien sur. Tu m'as toujours comprise. je t'écris des lettres pour me reposer, justement. je veux juste comprendre pourquoi tu es morte. Je sais, la curiosité c'est mauvais, mais j'ai moi-même dit un jour que si la curiosité n'existait pas, Barbe Bleue ne se serait jamais fait avoir...
Bref, je t'écris pour être plus proche de toi, aussi. Au moins, si tu ne m'entends pas, tu peux peut-être lire, non ?

Je t'aime, je pense à toi, & je saurais qui t'a tuée,
Ton Agathe complètement folle.

Lilium

* Texte dédié à Lucie, même si elle ne le lira probablement jamais. Car c'est toi qui m'a appris ça. *

Chloé,

Je te suivait. J'aimais ces balades en forêt avec toi. J'aimais ta façon de hurler. J'aimais ta façon d'aller vite, de prendre des risques. J'aimais cet air que tu avais en bravant les interdits. Tu me regardais d'un air malicieux : "On y va ?". J'avais depuis longtemps compris qu'il ne fallait plus dire "non". Alors, même si c'était défendu, je disais "oui". La forêt était pour toi, pour moi & pour tout les jeunes de notre village un phénomène de mode. Nous ne l'abandonnerions jamais. Alors, juchées sur de simples vélos, nous partions toutes les deux. On passait par le lavoir abandonné - qui, au passage, nous faisais peur -, on longeait le petit canal à moitié mort, agoisant.
Te souviens-tu du jour ou nous étions tombées dedans ?
Il n'y avait presque aucune place pour passer. & puis, dans les petits chemins, nous continuions notre route. Parfois, nous croisions quelqu'un du collège : "Boujours, Guillhaume !". & pis tu t'arrêtais, une fois passée, avec une grimace. Je riais. "Je peux pas le piffer, ce mec'." "Moi non plus !".
& tu riais aussi.
Sans cesse.
Mais les gens qui rient le plus sont les plus malheureux. La preuve : je ris tout le temps, moi aussi.

Chloé...

This is Where I Belong

* A N'Oasis. En pensant à toi. merci de tes conseils ;] *

Cher Cadavre,

Ce lavoir nous faisais peur. Non seulement car on ne savait ce qui s'y était passé, mais en plus car on voyait bien qu'il était abandonné. Pourquoi ? Plus personne ne lavait son linge à la main depuis longtemps. Alors il avait glissé dans l'oubli. Comment c'était arrivé ? Il était tellement vieux, à nos yeux... On ne savait pas. On imaginait même pas. C'était trop flous. Mais pour nous, il était mort.

Une grande batisse de pierres brutes, des trous carrés avec des barreaux en guise de fenêtres, une étendue d'eau au milieu, plongée dans l'ombre, qui avait certainement vécue des centaines & des centaines de disctions. Les discutions de gens que je ne cnnaissait pas, mais que j'aurais pu aimer. Des gens peut-être morts, pour certains. Une chose était sûre : des discutions qui avaient pu changer leurs vies.
Dans un coin ombragé, on distinguait un ballais abandonné.
Nous l'aimions bien.
C'était notre signe, notre symbole.

Je continue, cher cadavre. J'y arrive en douceur. A ta mort, Chloé.
Oui, à votre mort, ou plutôt à son passage à vous, cher monsieur cadavre.

Un matin d'Hiver. Frais, glacial.
Les idées embrumées par la brume, comme le voile blanc qui recouvrait tes yeux fixés sur une chose que je ne voyais pas. Que des milliers, voir des millions d'autres gens on vu. En mourrant.
Ce matin. Beau. Intouchable. Comme toi.
Ton corps, parmis les herbes hautes.

Près du lavoir...

Agathe, heureuse d'avoir au moins un cadavre.
Enchantée d'avoir fait votre connaissance.

Comptine d'un Autre Eté

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